Le projet HIPIE est lancé

Le projet HIPIE est lancé

13 décembre 2019

Bientôt un outil pour détecter les troubles du langage chez les

enfants bascophones

Conférence de presse du 10 décembre 2019 à IKER

Publié le 11/12/2019 à 16h25 par Pierre Penin (journal sud-ouest)
  

Entre recherche universitaire et demande des orthophonistes du Pays basque, le programme Hipie – Edelab construit le matériel pour aider les enfants bilingues en français et en euskara.
Le projet Hipie – Edelab ne prétend pas donner le pouvoir aux fleurs mais plus sûrement à la connaissance. Il est ici question de recherche fondamentale et appliquée. Le savoir et le concret. Le point de départ est on ne peut plus ancré dans le quotidien : le constat des orthophonistes locaux d’une absence totale d’outil de diagnostic des troubles du langage chez les enfants bascophones. Or, le bilinguisme exige une approche spécifique. Hipie – Edelab va créer ce matériel.

L’objectif agglomère plusieurs forces en un collectif. Au ras du terrain, l’Association des orthophonistes du Pays basque a fait émerger la demande des professionnels.
Le Centre de recherche sur la langue et les textes basques (Iker, affilié au CNRS) va réaliser l’étude linguistique nécessaire à la création du fameux « outil ».

L’Atelier des jours à venir  joue ici le rôle de médiateur entre « les citoyens et la recherche fondamentale ».

La Région et le fonds Geroa financent.


Amaia Chevalier fait partie de ces orthophonistes confrontées aux enfants bilingues français/euskara. « Nous ne possédons aucun outil normé pour les accompagner. »
La professionnelle souligne un double risque : « Soit un sous-diagnostic soit un sur-diagnostic. » Ces mots des deux langues qui s’entrechoquent, ces
prononciations erratiques dans la bouche de l’enfant sont-ils ou non la manifestation normale d’un apprivoisement en douceur des deux parlers ?

La chercheuse en linguistique au centre Iker, Marie Pourquier, relève « une étude des pathologies du langage très peu développée en langue basque ». L’existant en matière d’orthophonie n’est pas répliquable. « Il est inutile de traduire les tests employés pour le travail avec des enfants francophones. »

La prononciation, le vocabulaire, la grammaire. Les particularités du basque l’interdisent. Il s’agit donc d’en créer de nouveaux pour les bilingues. La cible première : les gamins de 4 à 8 ans. Marie Pourquier y travaille, avec sa consœur de l’université de Vitoria-Gasteiz, Maria-José Azeizabarrena et les
orthophonistes du Pays basque. « On se réunit régulièrement pour travailler sur les trois axes que sont la prononciation, le vocabulaire et la grammaire. »

Les partenaires étudient toutes les nuances et spécificités de la langue basque.

Ce n’est pas tout. L’ouvrage consiste aussi à appréhender en finesse
« l’environnement sociolinguistique » des enfants. Évoluent-ils dans un milieu bascophone ? Quel rapport familial à la langue ? « Cette dimension sociale influence le degré de bilinguisme, souligne Amaia Chevalier. Aucun bilingue ne se ressemble. »

500 enfants
Le projet Hipie – Edelab va entrer dans le dur au mois de janvier. Il prévoit plusieurs phases. « Nous allons évaluer le test auprès de 40 enfants, lors d’une étude pilote », indique Marie Pourquier. Cette étape intègre notamment l’apport de graphistes pour donner forme aux outils destinés aux orthophonistes. Seaska et l’Office public de la langue basque aideront à recruter les petits « cobayes ».

Le test sera alors testé dans les écoles. Objectif : l’éprouver auprès de 500 élèves.
« Tout cela nous servira à établir des normes à partir desquelles on pourra
évaluer d’éventuels développements déviants du langage. »

Viendra la diffusion des résultats : publications scientifiques, conférences, articles…

Les partenaires d’Hipie – Edelab revendiquent « un travail innovant ». Par la prise en considération inédite de l’aspect sociolinguistique. Par aussi la « coconstruction des outils ». Et la démarche ascendante qui part d’un besoin citoyen, très concret, pour mobiliser le champ de la recherche.

Le chiffre : 144 000 euros
C’est, en euros, le budget pour deux années de travail dans le projet Hipe – Edelab.
La Région Nouvelle-Aquitaine apporte 74000 euros. Le fonds Geroa, qui soutient les projets innovants au Pays b asque, consacre 70 000 euros au dessein.